Comminges en lutte

Comminges en lutte

resf mairie 4 janvier 2008



Intervention Resf Vendredi 4 janvier

 

Si le public ne connaissait pas le sigle CRA, il a pu apprendre au mois de décembre, en pleine trêve des confiseurs, que dans les Centres de Rétention Administratifs, on ne fait pas grand cas du respect de la dignité humaine.

Mesnil-Amelot, Vincennes, c'est à des centaines de kilomètres de chez nous. On n'en est pas moins en France.

En France en 2007, on convoque des personnes dans les préfectures au motif d'examiner leurs dossiers et on les met directement dans des centres de rétention. Dans les CRA de la région parisienne, il y a surpopulation. Les retenus (et pas les détenus) ont difficilement accès aux soins. Leur sommeil est perturbé plusieurs fois par nuit car la police multiplie les rondes dans les chambrées.

En Haute-Garonne, c'est à Cornebarrieu que se trouve « notre » CRA. Oui, nous aussi nous avons notre Mesnil-Amelot. En juin/juillet 2007, trois enfants de 1 à 3 ans y ont connu une détention de un mois, avec leurs parents respectifs. Début décembre 2007 des salariés de la Cimade, seule association autorisée par la loi à pénétrer dans les centres de rétention, nous ont affirmé qu'ils avaient récemment vu arriver à Cornebarrieu des étrangers arrêtés par les forces de police sous prétexte d'avoir :

-         craché par terre

-         de n'avoir pas traversé sur les passages pour piétons.

En France. En 2007. Il y a quelques semaines. En Haute-Garonne. A Toulouse.

Mais nous sommes en 2008.

Et forcément la nouvelle année arrive avec son cortège de changements.

- D'abord ELOI. 

Un fichier où sont enregistrées les données à caractère personnel relatives à l'étranger faisant l'objet d'une mesure d'éloignement et, dans le cas d'assignation à domicile, de la personne qui l'héberge. Ces données seront effacées au bout de 3 mois mais peuvent dans certains cas être gardées trois ans.

 

- Ensuite la modification de la durée de rétention administrative. Une directive européenne, qui doit être étudiée en janvier, prévoit de porter la durée de rétention administrative de 32 jours à 18 mois. De 32 jours à 18 mois !

 

- Une pénalisation de la solidarité : que peut-on faire de pire que les 30000 euros d'amende et les 5 ans d'emprisonnement que risque toute personne qui héberge des sans-papiers ?

Va-t-on nous obliger à les laisser mourir de faim et de froid sous nos yeux ? Va-t-on nous trancher la main qui leur tendra du pain ou une couverture ? Va-t-on obliger nos voisins à nous dénoncer ? Va-t-on prendre en otage des membres de notre famille ?

Comment un cerveau humain peut-il concevoir que la solidarité devienne un délit ?

L'homme du XXIème siècle a inventé la libre circulation des marchandises, mais il pénalise celle des êtres humains. Il faudra m'expliquer où est le progrès de cette politique de civilisation et ce qu'il y a de moderne là-dedans.

Aujourd'hui, nous accompagnons une famille pour le dépôt de son dossier.

N'en déplaise à une certaine presse, le Réseau Education sans Frontières, qui a pour objectif de maintenir sur le territoire français des enfants scolarisés, soutient la famille dans laquelle vivent ces enfants.

Le Réseau Education sans Frontières n'a pas vocation à juger s'il y a du bon grain et de l'ivraie dans une famille ni à les séparer.

Le Réseau Education sans Frontières n'a pas vocation à fouiller dans le passé des adultes, au risque d'aller à l'encontre du résultat recherché et de compromettre le maintien en France des enfants.

Le Réseau Education sans Frontières ne juge pas sans savoir.

Et s'il venait à avoir une information relevant du domaine judiciaire, le Réseau Education sans Frontières est et restera contre la double peine.

Depuis le mois de septembre 2007 où cette famille s'est retrouvée sans aucun revenu, c'est un comité de soutien regroupant plus de 130 personnes qui a assuré jour après jour son quotidien : manger, se chauffer,  pouvoir rester sous son toit. Le comité de soutien doit pouvoir soutenir ses efforts jusqu'au mois d'avril, date probable où le recours déposé par la famille sera examiné par le tribunal administratif.

 

La famille a reçu le 11 décembre une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).

Merci.
  •   Le dossier déposé aujourd'hui sera expédié par la mairie à la préfecture de manière à montrer la bonne intégration des enfants et de leur famille à Saint-Gaudens et dans la région parisienne où la famille a séjourné. Parallèlement, un recours est déposé par l'avocat de la Cimade pour contester l'OQTF : à partir de la réception de l'OQTF, la famille a un mois pour préparer sa défense. Un mois après le 11 décembre, c'est le 11 janvier. C'est dans une semaine.
  • A la veille de la rentrée scolaire des vacances de Noël, le Réseau Education sans Frontières du Comminges est ici pour rappeler qu'il est hors de question de retrouver deux chaises vides à l'école des Caussades. Les deux fillettes, qui ne parlent et n'écrivent que le français, doivent rester scolarisées en France. Leur petite sœur doit pouvoir être accueillie à la rentrée prochaine dans une maternelle française.
  • La défenseure des enfants de Haute-Garonne a également été sollicitée, dans cette affaire, par Resf Comminges.
  • S'il doit y avoir une politique de civilisation, qu'elle commence par montrer qu'être civilisé, ça consiste à accueillir des personnes qui ont le désir d'assurer la prospérité du pays dans lequel ils vivent déjà et dans lequel ils ne cessent jour après jour de s'intégrer. 

 

 

Anne-Marie Pons

 

 




05/01/2008
0 Poster un commentaire